Arboristes Mag - Numéro 14

Écrit par Chris GIRARD Traduit de l’anglais par Eléonore LOVILLO Chris GIRARD siège dans divers comités de normes de l’industrie des cordes, est arboriste certifié de l’ISA (International Society of Arboriculture), technicien de niveau 1 de la SPRAT (Society of Professional Rope Access Technicians) et propriétaire de Girard Tree Service, une entreprise membre de la TCIA (Tree Care Industry Association) depuis 15 ans, basée à Gilmanton dans le New Hampshire, aux États-Unis. [Note de l’éditeur : Cet article a été publié pour la première fois l’année dernière dans le magazine de la TCIA, lorsqu’il a été demandé à Chris de commenter l’évolution vers le travail sur corde simple dans le secteur de l’arboristerie. Chris est un homme dont les opinions reflètent entièrement les nôtres et au parcours professionnel similaire, bien que parallèle au nôtre : nous nous sommes orientés très tôt vers la grimpe et le sauvetage en raison de nos racines implantées dans l’alpinisme et la spéléologie, mais nous sommes toujours restés actifs dans le domaine de l’arboristerie. Ce n’est pas pour rien que Chris est notre homme de confiance pour les travaux sur cordes en arboristerie : ses connaissances et son expérience transdisciplinaires lui permettent d’avoir un point de vue équilibré. Cet article mérite donc une nouvelle lecture avec quelques notes supplémentaires, car les lecteurs plus âgés reconnaîtront certainement les termes et les techniques de sa première incursion dans le travail sur les arbres, tandis que les plus jeunes seront heureux de ne pas avoir été dans les parages à cette époque.] Fiou !... Rédiger un article sur la technique de corde à simple (SRT)... par où commencer ? J’imagine que le mieux à faire est d’expliquer le titre de cet article, puis de décrire quelques-uns des nombreux développements incroyables auxquels j’ai eu le privilège d’assister et de participer. Tout d’abord, je voudrais dire quelques mots sur le nom de cette technique de grimpe particulière. Le terme SRT (Single Rope Technique) existe depuis des décennies dans les domaines de l’alpinisme, de la spéléologie, et de l’escalade récréative et industrielle. Il y a quelques années, lorsqu’il a commencé à devenir plus populaire dans le milieu de l’arboristerie, certains leaders bien intentionnés de notre secteur d’activité ont estimé que cet acronyme n’était pas particulièrement adapté à notre domaine. En effet, dans le travail sur arbre, nous utilisons également une seule corde (ou « single rope ») pour d’autres méthodes de grimpe comme le DdRT (Doubled Rope Technique, qui désigne la technique de la corde simple utilisée en double)... À ne pas confondre avec le DRT (Double Rope Technique) qui désigne l’ascension sur deux cordes fixes à ancrage indépendant. Bref, comme vous pouvez le constater, cela prêtait à confusion, et nous devions simplifier notre terminologie. Les nouveaux acronymes retenus sont donc SRS (Stationary Rope System, soit système à corde fixe) et MRS (Moving Rope System, soit système à corde mobile). Personnellement, je n’utilise pas ces termes, car le SRS n’a rien de « stationnaire », si ce n’est l’extrémité de la corde qui retombe depuis le point d’ancrage dans la canopée. Pendant la grimpe, la partie haute de votre corde (votre extrémité de travail) est constamment en mouvement. Donc, techniquement, le SRS est aussi du MRS... D’autre part, j’ai été formé par la SPRAT (Society of Rope Access Technicians), et puisqu’ils continuent d’utiliser le terme SRT, je ferai de même. [Note de l’éditeur : Nous sommes d’accord avec Chris. Ayant connu les tous débuts de la grimpe sur corde, nous regrettons encore qu’ils aient oublié le nom d’origine que nous avions en quelques sortes inventé à l’époque dans le milieu de la grimpe industrielle. En ce qui concerne le terme SRT, il est difficile de ne plus l’utiliser lorsque les autres disciplines (comme l’escalade et le sauvetage) l’utilisent encore pour décrire la même chose que ce que nous devons maintenant appeler SRS dans le milieu de l’arboristerie]. La raison pour laquelle je parle de « (r)évolution » dans le titre est qu’au cours des dix dernières années, le secteur a connu à la fois une révolution et une évolution des techniques de grimpe qui n’avaient jamais été observées auparavant en plus de 100 ans d’existence. Il s’agit vraiment d’une époque unique pour les arboristes-grimpeurs. J’aurai 57 ans cette année, et je grimpe littéralement depuis que j’ai commencé à me déplacer à quatre pattes : quand j’étais bébé, je grimpais par-dessus mon berceau pour escalader ma commode sur laquelle ma mère me retrouvait assis, tranquillement. C’était tellement fréquent qu’elle a dû recouvrir mon berceau d’un filet de pêche pour mettre fin à mes ascensions vers l’inconnu ! Lorsque, des années plus tard, je suis devenu arboriste-grimpeur, j’ai commencé comme tout le monde à cette époque avec la bonne vieille technique du DdRT. J’utilisais un système de grimpe traditionnel fermé avec un « nœudde bosse » (version alternative du prusik). Il ne m’a pas fallu longtemps pour passer à un système dit ouvert avec cordelette à nœud auto-bloquant, micro-poulie et nœud de Blake. (Photo 1). Toujours curieux, j’ai suivi les avancées du secteur de près et me suis tenu au courant de ce qui se passait dans le monde de la grimpe. Je me suis juré d’apprendre tout ce que je pouvais sur les bonnes pratiques en matière d’élagage et de grimpe pour devenir arboriste certifié au fur et à mesure que j’acquerrais de l’expérience. 1 L’auteur utilise un système de grimpe avec cordelette à nœud auto-bloquant. Sur ces photos, l’auteur inspecte son système de grimpe avant l’ascension et, pour cette raison, n’a pas encore abaissé sa visière conforme à la norme ANSI Z87. 45 PR I NTEMPS 2024 14

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